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Tout près
La proximité du son avec votre oreille fait toute la différence.
Quelqu'un chuchote pour que vous seul puissiez entendre. Un moustique passe à deux centimètres. Ou un pigeon - et vous ressentez la pression de chacun de ses battements d’aile, une fréquence trop basse pour être perçue comme un son.
De la musique aussi. Le son, étant le plus souvent une expérience sociale partagée, peut être conçu pour submerger vos sens mais sa source n’est pas forcément proche.
Je repense souvent aux toutes premières fois où, adolescent et musicien débutant, j’ai fait l’expérience du jazz en concert.
Le Don Rendell Ian Carr Quintet dans un pub de Cambridge, le Polish Modern Jazz Quartet dans une mansarde du YMCA, et même Duke Ellington et son orchestre complet dans l’église Great Saint Mary, avec la section saxophone d’anthologie comprenant Johnny Hodges, Paul Gonsalves et Harry Carney. Supers, fantastiques expériences et j'étais tout près des musiciens.
Mais celui dont je me souviens particulièrement était l’orchestre Thad Jones Mel Lewis au club de Ronnie Scott. J'avais déjà acheté leur premier album et c'était la première fois qu'ils se produisaient au Royaume-Uni. J’y suis probablement arrivé beaucoup trop tôt et j'ai dû garder à la main ma bière hors de prix pour la faire durer, mais cela signifiait que je pouvais me placer à peine un mètre de la section saxophone et je me souviens encore, 50 ans plus tard, de la puissance de ce son projeté directement vers moi. Mais pas seulement de la puissance, d’un certain timbre qu’on ne perçoit que si on est vraiment proche, tellement de détails dans les hautes fréquences, tellement de nuances. En fait, je ne suis pas sûr que tout le monde aime ça. Moi j’ai adoré, bien sûr, et c’est toujours le cas. Même maintenant, j’essaie de me rapprocher le plus possible lorsque je vais à un concert.
C’est à ça que j’ai pensé en concevant et construisant ma dernière série de sculptures sonores «Entendre un monde dans le grain de la matière». L'idée que la signification du son est fondamentalement différente si vous en êtes proche. Cela devient un message intime qui n'est que pour vous. Les autres à peine plus loin entendront quelque chose mais pas le message essentiel. À travers vos oreilles, vous fusionnez avec du chêne, ou avec des lauzes, ou avec de longues tiges d'acier. Vous trouvez la musique qui est inhérente à ces différentes matières - pas de la musique qui a été composée au sens traditionnel du terme, mais de la musique qui a été activée et révélée en créant une structure physique qui l'amène directement à votre oreille. C'est juste pour vous.
Les gestes que vous devez faire sont également différents. Nous sommes tellement habitués à manipuler la matière avec nos mains, mais il existe d'autres moyens. Si la sculpture est conçue pour amener la matière près de votre oreille, la façon la plus évidente de la toucher et de la faire sonner sera avec votre tête. Doucement bien sûr, votre tête peut aussi caresser et vous ne voulez pas qu’une dalle de pierre vous percute au rebond. Votre tête touche la matière, mais vos épaules un peu aussi peut-être ou le haut de votre bras, mais jamais vos mains et vos doigts. Ainsi, en plus de fusionner avec la matière, vous prenez conscience de votre corps d'une manière légèrement différente de celle à laquelle vous êtes habitué.
J'ai également travaillé sur la proximité du son dans des situations d’atelier de musique. Une personne est assise sur une chaise les yeux fermés. Les autres l'entourent et émettent des sons près de ses oreilles. Parfois avec leurs mains, ou leurs voix ou de petits objets tenus à la main, comme des bambous ou des gousses de graines, mes incontournables «bouts de bois». Pour l'auditeur, l'expérience est incroyablement riche avec une conscience spatiale accrue en 3 dimensions - pas seulement à gauche et à droite mais aussi devant, derrière, au-dessus et en dessous. Quant aux personnes qui produisent et donnent les sons, elles prennent immédiatement conscience de la nécessité de faire attention. Si l'auditeur vous fait confiance avec une telle proximité, alors, évidemment vous devez vous assurer de ne pas leur faire de mal avec un son trop fort ou menaçant d’une manière quelconque.
Nous connaissons si bien la forme où un petit nombre de musiciens donnent leur musique à un plus grand nombre d'auditeurs. Ici, nous inversons l'idée et nous nous concentrons sur un seul auditeur, soit avec plusieurs faiseurs de sons, soit avec de grands objets sculpturaux qui vous enveloppent de leurs vibrations, qui ne traversent que quelques centimètres d'air avant d'entrer dans vos oreilles et de créer leur magie au plus profond de vous.
Et voici le hic. Vous ne pouvez ni l’enregistrer ni le filmer. Même avec les meilleurs microphones binauraux proches de la source sonore, transmis par des écouteurs de la plus haute qualité, ce n’est pas la même chose. Ce n’est plus seulement pour vous, mais pour tout le monde. Plus encore, c'est maintenant le son des écouteurs ou des haut-parleurs et non plus les vibrations de la matière première.
Close Up
It makes so much difference how close the sound is to your ear.
Someone whispers so that only you can hear. A mosquito passes at two centimetres. Or a pigeon - and you feel the pressure of each flap of its wings, a frequency too low to perceive as sound.
Music too. Being most often a shared social experience the sound may be intended to overwhelm you sensually but often the source may not be so close.
I keep thinking of my first experiences of hearing live jazz bands when I was in my teens and starting to play myself. The Don Rendell Ian Carr Quintet in a pub in Cambridge, the Polish Modern Jazz Quartet in an attic room in the YMCA, even Duke Ellington and his full orchestra in Great Saint Mary’s church, with the classic saxophone section including Johnny Hodges, Paul Gonsalves and Harry Carney. Great, great experiences and I was close to the musicians.
But the one that I particularly remember was the Thad Jones Mel Lewis orchestra at Ronnie Scott’s club. I had already bought their first album and this was the first time they had performed in the UK. I probably got there much too early and had to nurse my expensive beer to make it last, but it meant that I could place myself within feet of the saxophone section and I still remember, 50 years later, the power of this sound projecting straight at me. But not just power, a certain timbre that you only get if you are really close, so much detail in the high frequencies, so nuanced. Actually, I’m not sure that everyone likes it. I did of course and I still do. I still try to get as close as possible when I go to a concert.
This is what I’ve been thinking about as I’ve designed and constructed my latest collection of sound sculptures “To hear a world in the grain of matter”. The idea that the meaning of the sound is fundamentally different if you are near to it. It becomes an intimate message that is only for you. Others nearby will hear something but not the essential message. Through your ears you fuse with oak wood, or with slabs of stone, or with long steel rods. You find the music that is inherent in these different matters - not music that has been composed in the traditional sense but music that has been enabled and revealed by making a physical structure that brings it straight to your ear. It is just for you.
The gestures you must make are different too. We are so familiar with manipulating matter with our hands, but there are other ways. If the sculpture is designed to bring the matter close to your ear, then the obvious way to touch it and make it sound is with your head. Gently of course, your head can also caress and you don’t want a slab of rock to wack you on the rebound. Your head touches matter, but maybe your shoulders do too a little bit, or your upper arm, but never your hands and fingers. So as well as fusing with the matter, you become aware of your body in a way that is slightly different to what you are accustomed to.
I’ve also worked on the closeness of sound in music workshop situations. One person sits on a chair with their eyes closed. Others in the group surround him or her and make sounds close to their ears. Sometimes with their hands, or their voices or small hand-held objects, bamboos or seed pods, my ubiquitous “bits of wood". For the listener the experience is amazingly rich with a heightened spacial awareness in 3 dimensions - not just left and right but also in front, behind, above and below. As for the people making and giving the sounds, they immediately become aware of a responsibility of care. If the listener trusts you with such proximity, well then of course you must ensure that you don’t harm them with a sound that is too loud or threatening in other ways.
We know so well the format where a small number of musicians give their music to a much larger number of listeners. Here we turn the idea around and concentrate on just one listener, either with several sound makers or with large sculptural objects that envelope you with their vibrations, passing through only a few centimetres of air before entering your ears and working their magic deep inside.
And here’s the thing. You can’t record it or film it. Even with the best binaural microphones close to the sound source, played back through the highest quality headphones it’s not the same. It’s no longer just for you, it could be for anyone and everyone. More than that it is now the sound of headphones or loudspeakers and no longer the vibrations of primal matter.